mercredi 9 juillet 2008

cimicifuga

Cette fois-ci, je craquais complètement.

Ma vie rythmée depuis des mois par ces bouffées de chaleur d'un incroyable intensité, était devenue une lutte infernale pour maintenir un équilibre précaire. Mais aujourd'hui, complètement épuisée, je baissais pour la première fois les bras devant ce problème de santé devenu insoluble, cette ménopause dramatique.

J'avais essayé tout ce qui était disponible en phytothérapie, aromathérapie et homéopathie ; j'avais tenté l'acupuncture en vain et pas question de prendre des hormones synthétiques avec mon kyste au sein.

Moi qui ne croyait plus depuis longtemps à la médecine occidentale pour en avoir trop pâti, j'avais dérogé à ce désaveu ancien en allant consulter cette gynécologue, coqueluche des dames de Nice, mais là aussi, son traitement fut un échec.

Quand après deux heures d'attente cette femme médecin me reçut, il était 21 heures trente et elle me parut dans un tel état d'épuisement elle-même que j'eus envie d'inverser les rôles et de la soigner. Elle baillait à s'en décrocher la mâchoire, ses cernes sous les yeux faisaient peine à voir et tout en elle émettait les signaux d'une grande fatigue mal plaquée derrière la respectabilité de sa blouse blanche. Elle me proposa une kyrielle d'examens, me palpa distraitement et annonça tout à trac un kyste sur mon ovaire droit. J'étais choquée. Elle fit une ordonnance dont les produits pharmaceutiques n'eurent aucun effet sur mes bouffées de chaleur. Ainsi je sortis de son cabinet bien plus mal que je n'y étais entrée ; j'étais en effet venue avec une ménopause fatiguante, j'en ressortis avec un kyste aux ovaires qui n'avait rien de bien rassurant.

Le jeune interne radiologue du Centre Lacassagne, vérifiant l'existence de ce kyste dénicha, lui, un fibrome à l'utérus, mais point de kyste ! Là aussi la brutalité de ce jeune radiologue insensible à la portée de ses mots me fit fuir l'hôpital avec un autre mal que celui anticipé : à présent, c'était d'un fibrome dont on me faisait cadeau!!

Le hasard fit qu'heureusement je lus un article médical dans "science et vie" assurant que la plupart des fibromes de ce type disparaissent avec la ménopause sans nécessiter de chirurgie. Ça, c'était la bonne nouvelle que j'aurais aimé entendre de la bouche de l'indifférent radiologue qui avait su trouver ce parasite dans mon ventre.

En tout cas, après cet inutile et traumatisant détour par la médecine officielle, j'étais de retour à la case départ ; mes bouffées de chaleur continuaient à dévorer toute mon énergie vitale et malgré ma nature tonique, j'étais complètement à plat, découragée de trouver remède à ce que beaucoup de gens voyaient comme un simple passage dans le cycle hormonal de la vie d'une femme. En vérité, pour moi en tout cas, c'était l'enfer !

Comment me résigner à vivre avec une énergie au niveau zéro ? Comment trouver la force d'enseigner le Tai Chi Chuan alors que chaque fois que je levais mon bras, cela déclenchait une vague de feu qui partait du coeur et se transformait en une suée brûlante de la tête au pied ? Sans parler du malaise qui l'accompagnait, et me donnait la sensation que j'allais m'évanouir...

Surtout comment écouter un patient dérouler le triste récit de ses malheurs si moi-même j'étais affaiblie et terriblement mal en point ? Comment masser une personne et lui donner cette énergie vitale qui me manquait cruellement ?

Je pouvais accepter que ma vie sentimentale soit peu satisfaisante ; je pouvais faire avec l'insécurité matérielle de finances trop justes ; je pouvais me résigner à supporter ce plastron de gras qui s'était installé sur mon ventre... mais si je n'avais plus la force d'exercer mes activités professionnelles, il ne me restait plus rien sur quoi compter. Pas de réserve d'argent ni de famille nantie pas plus que d'amant-ami généreux et protecteur. Ma seule raison d'être, de vivre, de combattre était ma relation d'aide aux élèves et patients. Si je ne pouvais plus travailler, il ne me restait plus d'espoir !

C'est sur ce constat tragique que ce jour-là je craquais, écrasée par l'implacable logique de mon échec à trouver remède à cette désastreuse ménopause.

Quand les ressources de ce monde de matière ont échoué, reste à demander secours au monde spirituel, à ses anges, ses fées, ses guides de lumière. Ils demeuraient les seuls alliés possible, même si trop souvent je les imaginais passifs et indifférents à mon sort.

Je m'agenouillais et adressai en larmes une supplique à mes anges gardiens :

"Si vous ne m'aidez pas, je ne peux plus servir à rien ni à personne. Je ne pourrai plus remplir ma mission d'aide. Vous devez me trouver une solution parce que je n'ai plus que vous pour me sauver. Ne me laissez pas crever comme cela, par pitié"

Et puis un peu plus calme, et mouchant bruyamment mon chagrin trop lourd, je m'allongeai et m'assoupis une fois de plus pour récupérer un peu d'énergie avant le prochaine rendez- vous de massage.

Le jour dont je parle était un mercredi, et de ce jour, je me mis à guetter un signe, un message qui ferait réponse à ma prière aux anges.

Deux jours plus tard, exactement, une élève de Tai Chi Chuan ayant remarqué mes malaises, me dit qu'il y avait en pharmacie un nouveau médicament pour la ménopause. Je m'enquis du nom de ce produit et m'intéressais surtout à ses composants, notant un que je ne connaissais pas : cimicifuga.

"Tiens, jamais entendu parler de ça"

Le lundi qui suivit, une patiente me donna une documentation sur un laboratoire pharmaceutique hors du circuit commercial et me signala un composé spécial ménopause de leur cru. Et là aussi, la cimicifuga était mentionnée. Bingo, et de deux!

Une porte vers l'espoir s'entrouvrait, mais j'attendais tout de même une autre confirmation ; je vérifie que toutes choses qui viennent du ciel soient répétées trois fois.

Aussi quand Marie, le mardi suivant, m'apporta le tube vide d'un médicament spécial bouffées de chaleur, je ne fus qu'à demi-surprise de lire, parmi les ingrédients, le nom salvateur de la cimicifuga!!

Totalement rassurée par la convergence des trois confirmations, je commandais et pris cette fameuse cimicifuga et le miracle eut lieu : mes bouffées de chaleur furent considérablement adoucies en intensité et en fréquence ce qui me rendit à une vie presque normale.

Les anges parlèrent par trois bouches amies et je les remerciais comme il se doit de tant d'amour et d'attention à ma petite personne.

Comme quoi !!le ciel n'est pas sourd... le problème est que souvent nous n'écoutons pas sa voix ou, même pire, que nous cessons de lui faire demande

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